C'est désormais officiel. BNP Paribas vient de signer un accord d'exclusivité pour se porter acquéreur de 100 % du capital de Floa (ex Banque Casino) auprès du distributeur Casino (actionnaire à 50%) et du Crédit Mutuel Alliance Fédérale (également actionnaire à 50%). L'annonce ne devrait pas surprendre les professionnels du secteur du crédit à la consommation tant la candidature de BNP Paribas tenait la corde, surtout depuis le retrait de la compétition de la Banque postale.
En revanche, le prix avancé dans le communiqué diffusé ce mardi soir peut étonner : 258 millions d'euros, soit 1,5 fois les fonds propres. Une valorisation qui peut faire rêver les banques (qui se paient environ 0,5 fois les fonds propres) mais qui reste encore bien éloignée des ténors du paiement fractionné, comme Klarna, ou même Alma qui enchaîne les levées de fonds.
De fait, Floa est l'un des deux leaders en France, avec Oney, du paiement fractionné, et l'un des principaux acteurs européens.Cette activité, à faible marge mais gros volumes, est en plein boom en France et en Europe, avec de croissance de 20 à 30 % selon les pays. De nombreux acteurs, souvent issus de la fintech, comme Klarna, Paypal, Clearpay (pour les étrangers) ou Alma ou Pledg (pour les français) se positionnent sur ce segment de marché à la faveur de l'explosion de l'e-commerce. Le payer en 3 ou 4 fois (voire plus) fait désormais partie des usages de consommation. Selon Oney, un Français sur trois a déjà utilisé un paiement fractionné. Le marché français est estimé à environ 10 milliards d'euros en 2020.
Objectif : devenir le leader européen
Floa, comme d'ailleurs Oney, à l'origine des sociétés de crédit à la consommation, captives de distributeurs, ont su prendre ce virage à la fois sociétal et technologique. Les deux rivaux historiques ont d'ailleurs des stratégies très similaires, en particulier dans leur développement à l'international.
Floa est ainsi présent dans trois pays (France, Espagne, Belgique) mais souhaite s'implanter dans une dizaine de pays européens d'ici 2025. Objectif : devenir le leader européen du paiement fractionné et de franchir le cap des 5 millions de clients (contre 3 millions actuellement) autour de deux marques, Floa Bank pour les consommateurs et Floa Pay pour les e-commerçants.
Préserver l'autonomie de Floa
Le groupe Casino n'avait sans doute pas les moyens financiers pour accompagner cette ambition européenne. Le holding de Casino, le groupe Rallye, est engagé depuis plusieurs années dans une restructuration de sa dette. De son côté, la motivation de vente du Crédit Mutuel apparaît moins évidente. Le groupe mutualiste dispose certes d'une filiale à la consommation, Cofidis, mais ce n'est pas un acteur de premier plan sur le paiement fractionné ou dans l'e-commerce. Pour l'heure, le Crédit mutuel se refuse à commenter l'opération.
Pour BNP Paribas, cette acquisition marque sa volonté de se repositionner sur les paiements, un secteur en pleine mutation et en pleine croissance. Elle souligne également, en creux, l'échec de sa puissante filiale Cetelem sur le paiement fractionné où elle est quasi-absente.
A l'image de son acquisition de la néobanque Nickel, BNP Paribas souhaite préserver l'autonomie de gestion (et des équipes) et de stratégie de Floa. La banque apportera, compte tenu de son implantation européenne et de sa puissance de feu, les moyens de soutenir le développement international de Floa.
Au passage, BNP Paribas et Casino envisage un vaste partenariat commercial avec les enseignes Casino Supermarchés, Géant et Cdiscount sur le crédit à la consommation, y compris le paiement fractionné. La marketplace Cdiscount continuera à opérer son activité de paiement par carte bancaire, en s'appuyant sur Floa. Casino aura également un intéressement sur la valeur future créée par Floa, à hauteur de 30%, précise le communiqué.
Paiement fractionné : BNP Paribas rachète Floa au prix fort - La Tribune
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