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Le Village by CA Paris a fait appel au cabinet Deloitte pour dresser un état des lieux des start-up françaises spécialisées dans les innovations de paiement. 70 % de ces jeunes pousses ont vu le jour à partir de 2014.
Avec 2,5 milliards d’euros captés sur les 11,6 milliards d’euros levés par les start-up françaises en 2021, l’écosystème fintech se porte bien dans l’Hexagone. Face à cette situation, Le Village by CA Paris, branche parisienne de la filiale du Crédit Agricole qui déploie depuis 2014 des structures d’accélération à destination des start-up, a fait appel au cabinet Deloitte pour dresser un état des lieux des start-up françaises spécialisées dans les innovations de paiement.
Pour réaliser ce panorama, 164 jeunes pousses ont été analysées et classées par cas d’usage. À noter que les néobanques ne sont pas prises en compte dans ce panorama “car leur business model porte sur la fourniture de comptes bancaires en ligne et non pas de services spécifiques de paiements”, précise Deloitte dans l’étude, tout comme les cryptomonnaies qui représentent un écosystème à part entière. Par conséquent, des poids lourds de la French Tech, comme la néobanque B2B Qonto, qui a atteint une valorisation de 4,4 milliards d’euros en janvier, ou le champion des cartes de football NFT Sorare, auteur du plus gros tour de table de l’histoire pour une start-up française avec 580 millions d’euros levés en une seule opération, n’y figurent pas.
Dans cette étude, il ressort que 70 % des start-up du paiement ont vu le jour à partir de 2014, l’année qui a suivi le lancement de la French Tech, un label de mobilisation et de promotion des écosystèmes numériques français. Dès lors, le développement des entreprises du secteur s’est accéléré, avec une chaîne de financement des start-up qui s’est considérablement étoffée.
Leur prolifération s’est encore davantage accentuée depuis l’entrée en vigueur en janvier 2018 de la deuxième directive européenne sur les services de paiement (DSP2), qui oblige les banques à rendre accessibles les données de leurs clients via des API, sous réserve de leur consentement, à des entreprises tierces. Dans le sillage des néobanques, qui ont émergé pour dépoussiérer un secteur bancaire resté archaïque pendant plusieurs décennies, d’autres start-up ont ainsi vu le jour pour proposer des innovations sur le marché des paiements. Un défi de taille dans un secteur détenu par quelques géants jouissant d’une situation parfois hégémonique.
77 % des innovations sont B2B
Dans cet écosystème en pleine effervescence, l’attention des jeunes pousses du secteur s’est principalement portée sur les services à destination des particuliers (partage de frais, épargne automatique, microdons…) et les solutions de distribution à destination des commerçants. Ces dernières sont très largement représentées dans le panorama du Village by CA Paris & Deloitte, puisque celui-ci met en exergue que 77 % des innovations des start-up analysées ciblent les commerçants et les entreprises.
38 % d’entre elles s’attaquent à la distribution pour permettre à ces clients B2B d’émettre des solutions de paiement et d’encaisser les paiements de leurs clients, à l’image de Lemonway, Fintecture ou encore Dejamobile, tandis que 28 % de ces innovations associent de nouveaux services aux paiements (gestion de la paie et des réservations, services liés aux cartes professionnelles…), comme Zenchef, Mooncard ou encore PayFit, qui ont intégré le cercle des licornes françaises en début d’année avec un tour de table de 254 millions d’euros.
Les 23 % restants des innovations des start-up françaises analysées dans le cadre de l’étude sont donc à destination des particuliers, avec une attention portée au moyen de paiement en lui-même (authentification forte, paiement fractionné, facilité d’usage des cartes…) sur un segment occupé par Alma, Handsome et United Biometrics, ou à l’intégration du moyen de paiement dans une offre plus large (gestion des tickets de caisse, microdons…), ce qui intéresse des start-up comme PayLead, KillBills et Microdon. Enfin, 11 % des innovations combinent des services visant aussi bien les particuliers que les entreprises, notamment au travers de l’agrégation de comptes (Bankin’, Linxo, Budget Insight…), ou de la mise en place de nouveaux réseaux de paiement (Acinq) et de monnaies digitales de banques centrales (Iznes, LiquidShare…).
Les innovations adjacentes écrasent les technologies de rupture
Sur l’analyse de toutes ces innovations, il ressort que 52 % sont adjacentes au paiement, ce qui signifie qu’elles vont au-delà de la transaction en elle-même pour créer de nouveaux usages et marchés. Dans cette catégorie, on retrouve des start-up proposant du paiement fractionné, du paiement entre particuliers, de l’agrégation de comptes, de l’épargne automatique, de l’analyse de données de paiement, de la gestion de la paie ou encore de la collecte de pourboires. Derrière cette majorité d’innovations, celles considérées comme incrémentales pèsent 42 % du total, avec des services associés aux cartes bancaires, de l’authentification, des solutions d’émission et de gestion des paiements, et des solutions d’acceptation physiques, en ligne ou omnicanales, de manière à optimiser un produit existant.
Enfin, il n’y a que 11 % d’innovations de rupture, comme les nouveaux réseaux de paiement et les monnaies digitales de banques centrales, pour développer de nouveaux usages et marchés. Toutefois, l’ensemble de l’écosystème des cryptomonnaies n’étant pas pris en compte, difficile de pousser l’analyse plus loin dans les technologies de rupture, qui sont essentiellement basées sur la blockchain. Meta (Facebook) a tenté le coup avec le Diem, mais le projet a été tué dans l’œuf. Les régulateurs internationaux et les banques centrales veillent au grain, ce qui freine l’essor de technologies de rupture. Ainsi, les start-up du paiement se concentrent principalement sur les technologies de plateformisation (36 %) et de digitalisation (31 %).
Des levées de fonds de plus en plus imposantes
La meilleure incarnation française de cette approche est probablement Lydia, qui propose pléthore de services, comme du paiement mobile, de l’épargne rémunérée, des prêts express, des cartes de débit, des cagnottes en ligne, un compte courant ou encore du trading, après s’être fait connaître du grand public avec sa fonctionnalité de remboursement entre particuliers.
L’an passé, la société, qui compte le géant chinois Tencent et le fonds américain Accel parmi ses investisseurs, s’est distinguée avec une levée de fonds de 103 millions de dollars. Une opération qui a permis à l’entreprise de devenir une licorne et de se projeter vers l’avenir, avec l’ambition de devenir le compte courant principal de 10 millions d’Européens à l’horizon 2025. Dans la même veine, Swile, qui voit désormais au-delà de la dématérialisation des titres-restaurant, a levé 200 millions de dollars en octobre 2021.
Au total, l’étude du Village by CA Paris & Deloitte a identifié six levées cumulées supérieures à 100 millions d’euros dans le secteur entre 2021 et début 2022, intégrant ainsi celle de 155 millions d’euros d’Alma, spécialiste tricolore du paiement fractionné qui doit lutter contre le géant suédois Klarna. Le panorama met également en lumière que les levées de fonds cumulées comprises entre 300 et 500 millions d’euros concernent principalement la gestion de la paie (PayFit), les paiements fractionnés (Alma) et les services associés aux cartes bancaires (Swile).
Quant aux levées de fonds cumulées comprises entre 100 et 300 millions d’euros, elles sont réalisées par des start-up travaillant sur les paiements entre particuliers (Lydia) et les solutions d’acception omnicanales et en ligne (Wynd et Sunday). Ces tours de table devraient se multiplier davantage dans les prochains mois, avec des montants encore plus impressionnants, dans le sillage d’une French Tech qui a accueilli 22 tours de table supérieurs à 100 millions d’euros en 2021, pour une valeur totale de cinq milliards d’euros.
Paiement : quelles sont les innovations portées par les start-up françaises du secteur ? - Les Numériques
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