L’objectif est de tester « la faisabilité technique, la viabilité juridique et sa légitimité commerciale », selon l’institution. Le projet doit apporter une preuve de concept qui permettra de préparer le terrain au développement d’un dollar numérique utilisant la technologie des registres distribués (DLT), différente de la chaîne de blocs (blockchain). Au terme de l’expérimentation, le NYIC publiera un rapport détaillé des résultats et des données collectées lors du test.
Le projet consiste à simuler un « réseau interopérable » entre la banque centrale et les banques privées commerciales pour générer un volume important de transactions avec des jetons (token), sur une plateforme numérique décentralisée et sécurisée.
La Fed a précisé que l’expérience est réalisée à partir de données simulées et qu’elle ne débouchera pas forcément sur la création officielle d’un dollar numérique par les institutions financières américaines.
Michelle Neal, responsable du groupe de marché de la Fed de New York, a déclaré que l’utilisation d’un dollar numérique de la banque centrale pour accélérer les délais de règlement sur les marchés des devises était une piste prometteuse. « Cela pourrait permettre un système de paiement plus efficace, fournir une base pour de nouvelles innovations technologiques et faciliter des transactions transfrontalières plus rapides », a-t-elle affirmé dans un discours au Singapore Fintech Festival, début novembre.
« Les dollars numériques américains programmables (CBDC) peuvent être nécessaires pour soutenir de nouveaux modèles commerciaux et fournir une base aux innovations indispensables dans les règlements financiers et l’infrastructure », a indiqué pour sa part dans Business Insiders Tony McLaughlin, directeur général des paiements émergents et du développement commercial à la division des solutions de trésorerie et de commerce de Citigroup.
Après la Chine, l’Inde et la France
C’est en mars dernier que l’administration Biden a demandé à la Fed de New York d’étudier les étapes nécessaires à la mise en place d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC).
L’enjeu est de proposer un nouveau moyen de paiement, sécurisé, rapide et stable. Ce qui n’est pas le cas avec les cryptomonnaies actuelles, dont les cours sont soumis à de fortes variations.
Le projet de MNBC vise aussi à renforcer la place des États-Unis dans le secteur de la finance décentralisée. Le pays de l’Oncle Sam ne veut pas être en retard dans la course.
Plus de 140 millions de Chinois utilisent déjà le yuan numérique mis en service par la Chine en avril 2020. L’Inde a lancé récemment un projet de e-roupie dans quatre grandes villes. La Banque de France a pour sa part annoncé l’euro numérique pour 2027.
Faillites de cryptomonnaies
L’initiative américaine intervient dans un climat d’inquiétude et de suspicion du secteur financier à l’égard des monnaies numériques. Elle survient quelques jours après la faillite de la plateforme de cryptomonnaies FTX, qui a miné un peu plus la confiance déjà vacillante des institutions dans la monnaie virtuelle.
Depuis son émergence, le jeune secteur de la finance décentralisée inquiète les banques centrales, en raison des nombreuses failles de sécurité des technologies qu’elle utilise. C’est pourquoi les parlementaires américains ont proposé de créer un dollar numérique qui n’est pas basé sur la chaîne de blocs.
L’entrée des Américains dans la course au dollar numérique n’a pas pour l’instant incité la Banque du Canada à reconsidérer sa position sur le sujet. L’institution n’a pas l’intention de développer une MNBC. Elle se prépare plutôt en vue de créer sa propre monnaie numérique, dans l’éventualité où l’argent comptant deviendrait peu ou plus du tout utilisé, ou que les cryptomonnaies privées feraient une percée.
La Fed dans la course au dollar numérique - Finance et Investissement
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