L'idée de payer ses achats par virement bancaire chez le commerçant est sans doute aussi ancienne que le virement lui-même. Elle domine même le paiement dans le commerce en ligne dans certains pays, comme l'Allemagne. Mais grâce à l'ouverture des données (open banking) imposée par la directive européenne sur les paiements DSP2, et dont une nouvelle mouture est attendue le 28 juin, le service dit « Pay by Bank, » en clair, l'initiation de paiement par virement, est aujourd'hui perçue comme une alternative de plus en plus sérieuse à la carte bancaire.
C'est en tout cas la conviction de Jérôme Albus, directeur commercial Europe de Tink, une fintech suédoise, pionnière de l'open banking, rachetée 1,8 milliard d'euros en juin 2021 par Visa, le principal réseau international de paiement par cartes. « Le Pay by Bank est un mode de paiement en très forte croissance mais en partant de très bas », explique-t-il en soulignant la demande croissante des commerçants pour ajouter la fonction de « Pay By Bank » aux autres options de paiement, comme la carte bancaire ou le paiement fractionné.
Paiement irrévocable
Tink vient d'ailleurs de signer un nouveau partenariat en France, avec la société SSP qui souhaite étoffer ses services de paiement de ses 14.000 clients commerçants avec une offre de « Pay By Bank », dans plusieurs pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne). Concrètement, ce mode de paiement est assimilé à un virement, instantané ou non, initié par les commerçants directement sur le compte bancaire du client, via un intermédiaire de paiement, comme Tink, qui utilise les technologies d'open banking.
Parmi les avantages fréquemment avancés, le gain de temps pour effectuer un virement (informations préremplies), la possibilité de dépasser le plafond de carte bancaire, le caractère irrévocable et sécurisé du paiement, et surtout des commissions moins élevées que le paiement par carte (pas de commission d'interchange, pas de commission pour le réseau d'acceptation), sont de plus en plus appréciés des utilisateurs. A l'inverse, ces nouveaux outils de paiement nécessitent des moyens d'intégration relativement importants dans la chaîne de paiement. Bref, ce n'est pas pour tout le monde.
Un marché en ébullition
Son développement dépend cependant pour beaucoup de la culture propre de chaque pays. Ainsi, en Allemagne, le virement a été pratiquement le seul moyen de payer ses achats en ligne. Aux Pays-Bas, ce mode de paiement est plus récent mais la solution iDEAL a très vite trouvé son public et représente aujourd'hui près de 60% des transactions en ligne contre seulement 15 % par carte bancaire. C'est d'ailleurs cette solution qui a été rachetée par l'Initiative européenne de paiement (EPI) qui doit lancer les premiers pilotes de paiement instantané en P2P en Allemagne et en France d'ici la fin de l'année.
« EPI est un concurrent potentiel de Tink sur le volet paiement », reconnaît Jérôme Albus, qui se félicite d'un marché en pleine ébullition avec de nombreuses initiatives nationales et désormais, de plus en plus européennes. D'autant que Tink s'affirme déjà comme un acteur européen, présent dans une vingtaine de pays, mais avec des ambitions aux Etats-Unis.
Les grands opérateurs de paiement par carte eux-mêmes perçoivent la menace de l'open banking. D'où la volonté de Visa de racheter la fintech américaine Plaid avant de renoncer sous la pression des autorités anti-trust pour finalement se reporter sur Tink. Cela n'empêche pas Visa, comme ses concurrents Mastercard ou American Express, de développer leur propre solution de paiement en P2P.
Le « Pay by Bank » veut s'imposer comme une alternative au paiement par carte - La Tribune.fr
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