Le taux de fraude à la carte a atteint l’an dernier son niveau le plus bas jamais enregistré. À l’inverse, les arnaques liées aux virements continuent d’augmenter.
Des moyens de paiement plus sûrs. La fraude aux moyens de paiement scripturaux - n’incluant donc pas les billets et les pièces - a décru en 2022, en valeur comme en volume, rapporte la Banque de France ce mardi dans le dernier rapport annuel de son observatoire de la sécurité des moyens de paiement. L’année dernière, le nombre d’opérations frauduleuses a reculé de 3,6% par rapport à 2021, pour s’élever à 7,2 millions, pour un préjudice total de 1,192 milliard d'euros (-4% par rapport à 2021).
Cette baisse est tirée, en particulier, par la diminution du taux de fraude à la carte, qui atteint son niveau le plus bas jamais enregistré : 0,053% en 2022, après 0,059 % en 2021, soit une baisse de 10%. Et ce, alors qu’un recul de 13% avait déjà été noté en 2021. «Ce résultat historique est le fruit de l'amélioration sensible de la sécurité des paiements sur Internet», note l’Observatoire. Le taux de fraude des paiements par carte sur internet a en effet connu lui aussi «un nouveau plus bas historique» l’an dernier, bien qu’il reste 15 fois plus élevé que sur les paiements de proximité (0,165%, contre 0,196% en 2021, soit une baisse de 16%). La Banque de France se félicite qu’«en cinq ans, ce taux de fraude aura ainsi chuté de 37%». Le résultat «des mesures d'authentification forte déployées entre 2019 et 2021», a affirmé le gouverneur de l’institution, François Villeroy de Galhau, lors d’une conférence de presse.
Petite ombre au tableau : les paiements par téléphone mobile. S’il est en baisse par rapport à 2021, leur taux de fraude reste six fois plus élevé que le reste des paiements par carte «de proximité». «Ce niveau relativement élevé de fraude s’explique par l’enrôlement de cartes volées ou usurpées sur des portefeuilles électroniques de type Paylib, Apple Pay ou Google Pay, sur lesquels elles peuvent être utilisées au-delà du plafond de 50 euros», a expliqué François Villeroy de Galhau.
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Des fraudes au virement en hausse
La fraude au chèque a elle aussi diminué sensiblement l’an dernier (-15% en valeur, -8% en montants échangés). Son taux de fraude «reste cependant le plus élevé parmi les différents moyens de paiement, ce qui impose aux utilisateurs de rester très vigilants», avertit la Banque de France. La fraude la plus courante restant de loin «l'utilisation de chèques perdus ou volés directement remis à l'encaissement par le fraudeur ou utilisés comme moyen de règlement auprès des commerçants ou de particuliers». L’Observatoire souligne par ailleurs que le montant moyen de la fraude par chèque est en baisse depuis 2020, atteignant 1813 euros en 2022. La fraude au prélèvement, extrêmement volatile et très minoritaire, a elle aussi fléchi en 2022 (-21,6 % en valeur).
Le principal point d’inquiétude se porte sur les fraudes au virement. Le virement étant «le seul moyen de paiement à connaître une nouvelle hausse annuelle des montants de fraude (+9%)», constate la Banque de France, bien que son taux de fraude reste extrêmement faible (0,001%). En l’espace de cinq ans, le montant total de la fraude au virement a ainsi plus que triplé, passant de 98 millions d'euros en 2018 à 313 millions d'euros en 2022. Le virement représente aujourd’hui plus du quart des montants de fraude en 2022 (26,3%), contre 23,1% en 2021, et seulement 10% en 2018.
En nombre d’opérations frauduleuses, la hausse atteint +64% en un an. Par conséquent, le montant moyen du virement fraudé a baissé sensiblement, à environ 4000 euros (contre environ 6000 euros en 2021). «Il y a un report de la fraude vers des cibles plus petites», observe François Villeroy de Galhau. Après avoir touché principalement les administrations et les grandes entreprises en 2021, les particuliers et les petites entreprises ont été les principales victimes de ce type de fraude en 2022. La Banque de France souligne que «70% du montant de la fraude a ciblé les virements initiés depuis les interfaces de banque en ligne», principalement utilisées par ces deux types de publics. L’institution a ainsi annoncé le lancement, à la rentrée prochaine, de travaux visant à préparer un plan d’action portant sur la prévention de la fraude au virement.
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Le paiement mobile explose
La Banque de France tient également à alerter sur de nouvelles techniques de fraude qui sévissent, fondées sur la manipulation des consommateurs. «À défaut de pouvoir émettre eux‑mêmes des paiements frauduleux, les fraudeurs essaient de manipuler leurs victimes par téléphone ou par messagerie instantanée pour les amener à valider à leur place des opérations frauduleuses, en se faisant généralement passer pour leur banque», explique l’Observatoire.
Malgré tout, la Banque de France se félicite globalement de ces résultats. D’autant plus dans le contexte d’une forte croissance en volume de l'usage de ces moyens de paiement (+8,1%, soit 30,6 milliards au total). En valeur, la hausse s’est elle limitée à +0,9% (42.578 milliards d'euros). Une dynamique née depuis la crise sanitaire du Covid-19. «Certains usages dématérialisés se sont durablement installés», constate la Banque de France. À l’image du paiement sans contact, qui représente désormais plus de six paiements par carte sur dix en magasin (61%, contre 57% en 2021). En particulier, le paiement mobile continue d’exploser (+137% en un an), atteignant près de 6% des paiements par carte de proximité, contre moins de 3% en 2021. De même que le virement instantané (+85% en volume) : il représente désormais 3,8% des virements (contre 2,2% en 2021). À l’inverse, le chèque poursuit sa dégringolade (-8,8% en transaction, -8,3% en montant).
La fraude aux moyens de paiement en recul en 2022, selon la Banque de France - Le Figaro
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