C’est bel et bien une facture de près de 25 000 $ qu’a assumée Saguenay pour des frais d’avocats engagés par Julie Dufour pour défendre l’indépendance des vérificateurs généraux à partir de 2014. Or, plus tôt cet été, elle a affirmé qu’elle avait utilisé son salaire de conseillère municipale.
Aujourd’hui, le cabinet de celle qui est devenue mairesse en 2021 assure qu’en 2017 Saguenay n’a payé que la partie restante de la facture, sans toutefois fournir le montant total.
La déclaration de Julie Dufour avait été faite lors de la séance du conseil municipal du 6 juin.
Une demande au comité exécutif en 2017
En décembre 2017, le comité exécutif dirigé par la mairesse Josée Néron a accepté d’acquitter une facture de près de 25 000 $ au cabinet d’avocats qui a représenté Julie Dufour, comme en fait foi une résolution datant du 15 décembre de cette même année.
Or, lors de la séance du 6 juin dernier, la mairesse Dufour a affirmé publiquement qu’elle avait utilisé son salaire pour assumer des honoraires professionnels afin de défendre l’indépendance des vérificateurs généraux du Québec, au moment où Jean Tremblay était maire.
En 2014, j’ai mis le salaire annuel que je gagnais pour défendre l’indépendance des vérificateurs généraux du Québec. J’avais l’air d’une pure lubie, d’une bibitte à part
, a déclaré la mairesse, à la fin de l’assemblée publique tenue à Jonquière.
J’ai mis mon salaire annuel d’élue municipale de l’époque pour embaucher des avocats de l’extérieur. C’est normal, personne ne voulait me prendre ici. Ils avaient tous des contrats. Tout le monde était en conflit d'intérêts
, a-t-elle répété à l’endroit des conseillers, lors de discussions à la suite de l’exclusion de Michel Tremblay du comité exécutif.
En 2016, le salaire de base d’un conseiller à Saguenay était de 30 160 $.
Surprise
La déclaration de Julie Dufour sur l’utilisation de son salaire de conseillère en a fait sursauter plus d’un. Trois sources ont indiqué à Radio-Canada que Mme Dufour n’a pas payé elle-même ses frais d’avocats. Elles n’ont pas voulu être nommées. Questionnée à ce sujet, la mairesse de l’époque, Josée Néron, a confirmé que c’est la Ville qui a payé la facture #146091 à Deveau Avocats.
Le conseiller désigné de l’Équipe du renouveau démocratique (ERD), Marc Bouchard, siégeait au comité exécutif en décembre 2017. Il faisait donc partie du groupe d’élus qui ont accepté d’utiliser l’argent des contribuables pour payer les honoraires de Mme Dufour.
Le conseiller municipal Marc Bouchard était au comité exécutif en 2017.
Photo : Radio-Canada / Titouan Bussiere
Le conseiller Bouchard, qui siège toujours à la table du conseil, croit que la décision d’assumer les frais était la bonne, puisque la conseillère défendait une cause noble qui contribuerait à servir l’intérêt des citoyens.
Moi, comme élu, si j’avais la même décision à prendre aujourd’hui et peu importe le nom de la personne, parce que c’est le dossier qui a été défendu et l’implication que ça a pour l’ensemble des citoyens [je ferais la même chose]. Elle n’a pas mentionné ce fait lors du conseil municipal du mois de juin. Était-ce volontaire? Était-ce un oubli de sa part? À vous d’en juger
, a déclaré Marc Bouchard au cours d’une entrevue réalisée en juillet.
Pas de sa poche, assure le cabinet
Le cabinet de Julie Dufour a assuré qu’elle avait assumé elle-même une partie des coûts.
Elle ne mentionne pas avoir payé les frais d'avocat de sa propre poche, mais plutôt qu'elle s’est engagée à le faire sans savoir qu’une partie des frais serait couverte par la Ville presque quatre ans plus tard. Elle avait personnellement endossé la dette, montrant sa détermination à défendre une cause qui lui tient à cœur, soit celle d’une entité qui peut enquêter de manière indépendante
, a répondu son adjoint, Jonathan Blanchet, par messagerie texte.
Il a ajouté que le montant de 24 567,92 $ payé par la Ville correspond à la balance restante de la facture et non à la totalité des frais liés à la cause et qu’une partie des honoraires a été couverte par des activités de financement et par le soutien de la Ligue d’action civique. Un appel téléphonique demeuré sans réponse n’a pas permis de connaître la somme payée par l’organisme.
L'entrée de l'hôtel de ville de Chicoutimi
Photo : Radio-Canada / Titouan Bussiere
La décision ultérieure de la Ville de couvrir ces frais ne change rien à cet engagement initial
, a poursuivi son adjoint.
Malgré deux demandes, il n’a pas été possible de connaître le montant que Julie Dufour a elle-même déboursé pour la demande introductive d’instance engagée contre la Ville et les ex-vérificatrices générales Rina Zampieri et Sylvie Jean, cause dont elle s’est officiellement désistée en 2016, après avoir eu gain de cause politiquement.
D’autres conseillers remboursés
Julie Dufour n’a pas été la seule conseillère dans ces années à obtenir un remboursement pour des dossiers juridiques.
À l’époque où elle était conseillère, Christine Boivin a tenté d’obtenir le contrat d’embauche de l’ex-directeur général de Promotion Saguenay, Ghislain Harvey. Devant le refus de l’organisme public de lui fournir le document, elle a engagé une poursuite. Ses dépenses de 56 000 $ ont été remboursées par la Ville.
Julie Dufour a obtenu son remboursement par la suite.
Quelques mois plus tard, Marc Pettersen a lui aussi obtenu le même traitement dans le dossier qui l’opposait à l’ancien président du conseil d’administration de Diffusion Saguenay, Pierre Mazurette. La Ville a acquitté la facture de 5000 $.
Différend à propos d'une déclaration de Julie Dufour sur le paiement ... - Radio-Canada.ca
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