Un paiement de 150 000 $ à une mannequin de Playboy qui allègue avoir été la maîtresse de l'ex-président est au centre du témoignage d'un ancien magnat des médias et ex-ami de l'accusé, qui se poursuit mercredi pour une troisième journée.
Plus tôt cette semaine, David Pecker, l'ex-PDG du groupe de presse American Media Inc. (AMI), a admis avoir mis son tabloïd au service de la campagne de Donald Trump dès 2015, en chassant les scandales susceptibles de faire dérailler sa campagne.
Après avoir brièvement questionné M. Pecker mardi au sujet d'un versement fait à l'ancienne playmate Karen McDougal, les procureurs sont entrés dans le vif du sujet, interrogeant le témoin sur la chronologie et les circonstances détaillées du paiement.
Mme McDougal soutient avoir entretenu pendant 10 mois une relation avec Donald Trump avant son entrée en politique, entre 2006 et 2007.
David Pecker a admis avoir acheté les droits exclusifs de son témoignage pour 150 000 $, avec l'intention de ne pas le publier, pour éviter de nuire aux perspectives électorales de Donald Trump.
Nous ne voulions pas que cette histoire mette M. Trump dans l'embarras ou [...] qu'elle nuise à [sa] campagne.
Il a en outre affirmé en avoir parlé directement à celui qui était alors candidat à la présidentielle. Cela signifierait que Donald Trump était au courant des efforts déployés pour acheter le silence de personnes dont les allégations étaient susceptibles de nuire à sa campagne, contrairement à ce qu'affirme la défense.
Karen McDougal en 2010 à une fête du magazine « Playboy ». Elle porte plainte contre Donald Trump.
Photo : Getty Images / Dimitrios Kambouris
Il a notamment fait état de ce que lui aurait dit M. Trump après avoir discuté avec son avocat personnel de l'époque, Michael Cohen : J'ai parlé à Michael. Karen est une fille bien. Est-ce que c'est vrai qu'un groupe mexicain cherche à acheter l'histoire pour 8 millions de dollars?
David Pecker lui aurait répondu qu'il ne le croyait pas, après quoi Donald Trump lui aurait demandé ce qu'il devait faire. Je pense que tu devrais acheter l'histoire et la retirer du marché
, lui aurait-il répliqué.
Je croyais que [ses affirmations] étaient vraies.
Contentieux autour du paiement
Le témoignage de M. Pecker a illustré à de nombreuses reprises ses inquiétudes quant à la possibilité de voir son groupe médiatique devoir absorber lui-même la prise en charge du paiement à Mme Mc Dougal.
Le patron va s'en occuper,
lui aurait initialement assuré Michael Cohen, se référant à M. Trump, après avoir donné à M. Pecker le feu vert pour acheter son récit.
David Pecker croyait alors qu'il serait remboursé par la Trump Organization ou par Donald Trump lui-même.
À l'issue des négociations avec l'avocat de Mme McDougal, le grand patron d'AMI a convenu de lui verser 150 000 $, mais a initialement résisté à la demande de M. Cohen d'avancer la somme.
Il a rendu compte de sa conversation avec l'ex-homme de confiance du président : Michael, pourquoi devrais-je payer? Je viens de payer 30 000$ pour l'histoire du portier. Maintenant, vous me demandez de payer 150 000$ pour l'histoire de Karen.
Mardi, il avait indiqué avoir payé un ancien portier de la Trump Tower, qui affirmait que M. Trump avait un enfant illégitime, même si ses affirmations avaient été jugées mensongères.
Signe de l'importance accordée à ces témoignages, il avait spécifié plus tôt cette semaine qu'AMI payait habituellement ses sources entre 250 $ et 2500 $, parfois 5000 $ dans le cas de révélations sur de grandes célébrités.
M. Pecker a également déclaré que le paiement secret à Mme Mc Dougal avait été faussement présenté comme un contrat de service afin d'éviter d'enfreindre les lois sur le financement électoral.
Pour légitimer une somme aussi importante, la jeune femme serait officiellement rémunérée pour écrire des chroniques sur la forme physique (qu'elle n'écrirait pas elle-même) et pour faire la couverture du National Enquirer, un tabloïd du groupe AMI.
Dans une autre conversation avec Michael Cohen, M. Pecker lui aurait dit qu'il voulait faire marche arrière, exprimant ses craintes devant les implications potentiellement illégales de l'accord avec Mme Mc Dougal.
Michael Cohen se serait alors fâché contre lui et aurait crié : Le patron va être très en colère contre vous
.
M. Pecker a précisé qu'il n'avait jamais été remboursé.
Au début de son témoignage, il a déclaré aux procureurs que Mme Dougal, à qui son groupe médiatique avait initialement offert 10 000 $, ne désirait pas que son histoire soit rendue publique.
Elle a déclaré qu'elle ne voulait pas être la prochaine Monica Lewinsky. Elle voulait relancer sa carrière
, a-t-il dit, se référant au scandale sexuel ayant éclaboussé le président Bill Clinton à la fin des années 1990. La jeune femme avait été malmenée dans les médias.
Dans cette affaire, Donald Trump est accusé d'avoir falsifié des documents financiers pour dissimuler le remboursement d'un paiement versé à une autre maîtresse alléguée, Stormy Daniels, afin de favoriser sa victoire électorale.
Les procureurs affirment qu'il a fomenté « un plan criminel pour corrompre l’élection de 2016 ».
Avec les informations de New York Times, CNN et Washington Post
Procès Trump : un paiement à une ex-playmate à l'avant-plan - Radio-Canada.ca
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