L'économie à la tâche emploie de plus en plus de travailleurs, notamment pour effectuer des livraisons de repas. (Photo: 123RF)
Un texte de Cyrielle Chiron, cheffe de la stratégie chez Paiements Canada
COURRIER DES LECTEURS. La participation à «l’économie à la tâche» (ou gig economy comme on dit en anglais) est en rapide croissance depuis les dernières années. Le secteur a certainement connu d’importants changements en raison de la pandémie de COVID-19. Depuis, l’économie à la tâche croît de manière exponentielle en raison de la commodité que ces services offrent aux consommateurs, qui dépendent de plus en plus des travailleurs à la demande, par exemple, pour la livraison de leur épicerie et de repas à emporter. Cette tendance est accentuée par la hausse des préoccupations des consommateurs en matière de sécurité et de la demande pour les services et paiements sans contact.
Au Canada, l’importance de la main-d’œuvre de l’économie à la tâche dans l’ensemble de l’économie s’est accrue rapidement. En fait, selon de nouvelles données tirées d’un récent rapport de Paiements Canada, les travailleurs à la demande représentent maintenant plus d’un adulte canadien sur dix, et plus d’une entreprise canadienne sur trois a recours à leurs services.
Les principaux facteurs qui alimentent ce changement sur le marché du travail comprennent l’incidence économique majeure de la pandémie. De nombreuses entreprises d’un grand nombre de secteurs ont subi soit une perte de revenus, des interruptions ou une fermeture définitive. Par exemple, 4% d’entre elles ont fermé temporairement en 2020 et demeurent fermées, et une tranche supplémentaire de 37% n’est que partiellement opérationnelle.
L’économie à la tâche peut offrir de la souplesse à ses travailleurs. Elle est souvent perçue comme favorisant une culture de travail et une mentalité plus autonome, plus responsable et appuyant l’esprit entrepreneurial. Certains pourraient y être attirés simplement parce qu’ils n’ont pas trouvé d’autres occasions de travail immédiates. Le travail à la demande a ouvert des portes en matière de modalités de travail plus flexibles, mais il représente aussi des défis particuliers.
Inévitablement, la transition vers le marché du travail à la demande entraîne des changements sur les modes de paiement pour les services rendus. Lorsqu’on examine de plus près l’état actuel de l’économie à la tâche du point de vue des paiements, on constate un écart assez important entre la façon dont les travailleurs sont payés et la façon dont ils veulent être payés.
Des améliorations s'imposent
Ironiquement, les travailleurs à la demande et les entreprises qui ont recours à leurs services ont les mêmes exigences en matière de solutions de paiement: ils veulent des méthodes de paiement rapides, pratiques, sûres et traçables. Toutefois, même s’ils disposent d’options de paiement qui répondent à ces besoins, les travailleurs à la demande du Canada et les entreprises qui ont recours à leurs services croient que des améliorations s’imposent.
En fait, près de 40% des travailleurs à la demande au Canada veulent voir des améliorations dans la façon dont ils sont payés. Ils ont notamment déterminé deux domaines clés à améliorer: ils souhaitent être payés plus rapidement et être en mesure de suivre ces paiements plus efficacement. Il existe des options de paiement qui offrent ces avantages, comme le dépôt direct, mais les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent plus de 98% des entreprises canadiennes, continuent d’utiliser principalement le Virement Interac (pour 42% des PME) et les chèques (pour 32% des PME), ignorant ainsi les souhaits des travailleurs à la demande.
Pour un travailleur à la demande canadien sur cinq, il faut actuellement au moins deux semaines pour être payé une fois son quart de travail terminé. De plus, les travailleurs à la demande qui sont payés le jour même où leur contrat est exécuté sont principalement payés en argent comptant (59%), ce qui crée des difficultés en matière de traçabilité.
Cela montre qu’il est possible de faire évoluer les solutions de paiement au sein de l’économie à la tâche, tant pour les travailleurs que pour les entreprises qui ont recours à leurs services. À mesure que la popularité du travail à la demande et son incidence sur l’économie continuent de croître, nous devons nous tourner vers l’avenir et trouver de nouvelles façons de soutenir ceux qui font partie de cet écosystème.
La modernisation des systèmes de paiement du Canada peut aider à répondre à ce besoin et à améliorer l’efficacité globale de l’économie à la tâche et, par conséquent, de l’économie canadienne.
L’utilisation accrue du dépôt direct aidera l’économie à la tâche à réaliser des paiements rapides, efficaces, sûrs et traçables. À long terme, la création d’un système de paiement en temps réel (PTR) permettra des paiements immédiats, définitifs et irrévocables 365 jours par année, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Grâce à ces paiements en temps réel, les propriétaires d’entreprise pourront payer les personnes qui leur ont offert des services immédiatement à la fin des quarts de travail. Le PTR permettra d’être payé à l’heure, à la journée, et ce, pratiquement à la demande. Une telle technologie pourra s’avérer essentielle à ceux qui ont besoin d’avoir accès à leurs fonds immédiatement.
Le défi des paiements de l'économie à la tâche - LesAffaires.com
Read More
No comments:
Post a Comment