Publié le 30 janv. 2023 à 17:19Mis à jour le 30 janv. 2023 à 17:35
La dernière option envisagée par la Banque centrale européenne (BCE) pour mettre en place l'euro numérique pourrait entrer directement en concurrence avec le projet paneuropéen de paiement EPI (pour « European Payment Initiative »). Et les banques ne cachent pas leur mécontentement.
La semaine dernière, Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE , a en effet évoqué devant la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen la possibilité de créer une application permettant de payer en euro numérique comme on paie en cash.
« L'Eurosystème envisage une nouvelle application euro numérique, qui ne comprendrait que les fonctionnalités de paiement de base », a-t-il expliqué. Elle permettrait ainsi aux usagers européens de payer en euro numérique.
Pour un usage équivalent à celui du cash
Dans un objectif d'inclusion financière, cette monnaie de banque centrale numérique mise à disposition des particuliers serait accessible, via les banques commerciales, que l'utilisateur soit client ou non d'une banque.
La BCE envisage une application basique qui soit utilisable soit pour payer, soit pour échanger de l'argent avec quelqu'un, comme on le ferait avec des billets de banque. Le compte en euro numérique de l'utilisateur serait séparé de son compte classique de dépôt et limité en termes de montant. Il serait cependant toujours géré au quotidien par les banques commerciales.
Cette idée inquiète toutefois le secteur bancaire, car elle pourrait bousculer le projet paneuropéen de paiement (EPI) qu'une quinzaine d'établissements du Vieux Continent essaient de mettre en place. « On est très clairement dans un projet frontalement concurrent d'EPI », estime un banquier.
Ce projet avait à l'origine pour objectif de concurrencer les américains Visa et Mastercard en créant un système de paiement par carte, mais il a revu ses ambitions à la baisse. Il vise à présent à créer un portefeuille électronique orienté vers le paiement instantané. Un créneau qu'une application telle que décrite par la BCE pourrait directement menacer. EPI, de son côté, préfère relativiser : « Ce n'est pas parce que c'est une solution digitale qui fonctionnerait avec une app que ce serait une concurrence frontale avec EPI, assure un porte-parole. Il faut par exemple noter qu'EPI serait capable d'intégrer l'euro digital ».
Les banques opposées à l'euro numérique
Si EPI affiche sa confiance, c'est aussi que le projet avance, selon nos informations. Notamment sur le projet consistant à s'appuyer sur les solutions techniques proposées par le hollandais iDeal d'un côté et Payconiq, présent en Belgique, de l'autre. La prochaine réunion devrait se tenir courant février. La place française, de son côté, commencerait déjà à envisager la migration de son système Paylib vers EPI.
Au-delà de la concurrence faite à EPI, « les banques sont vent debout contre ce projet d'euro numérique, explique un banquier. La manière dont il est mené est une sorte de hold-up institutionnel de la BCE ».
Plus mesurée, la Fédération bancaire française (FBF) ne cache pas son hostilité sur le fond à l'euro numérique. « Il convient de se demander quelle serait l'utilité d'une monnaie digitale de banque centrale pour les clients, interroge-t-elle. Est-ce que l'euro numérique en tant que monnaie de banque commerciale répond à un argument d'usage ? A un argument de sécurité ? A date, nous n'en avons pas trouvé un qui permettrait de justifier sa mise en place en Europe ».
Les opposants ont encore le temps de travailler leurs arguments : l'euro numérique n'est encore qu'à l'étude. Sa création doit d'abord être décidée par les institutions européennes. La phase de développement n'interviendra pas avant 2027.
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