L'onde de choc de la guerre en Ukraine continue de se propager dans l'économie française. Un an jour pour jour après l'éclatement du conflit, les tensions sont loin d'être retombées. L'inflation continue d'accélérer en France au mois de février à 6,2%, contre 6% en janvier selon l'Insee. Les prix de l'alimentaire propulsent l'indice des prix à la consommation vers des sommets tandis que les prix dans l'énergie marquent le pas. La Banque de France table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) atone de seulement 0,1% au premier trimestre 2023, après une fin d'année 2022 décevante.
Dans ce contexte morose, le médiateur des entreprises a dressé un bilan préoccupant de son activité ce jeudi 9 mars. « Malheureusement, 2022 a été particulièrement difficile. On tient à sonner l'alerte. Il y a un retour de la défiance en raison de la flambée des prix dans de nombreux domaines. Le leitmotiv des profiteurs de crise [pour certains fournisseurs d'énergie notamment] a été exprimé. Or, cela crée de la défiance. Halte à la défiance et appelons au retour à la confiance », a déclaré Pierre Pelouzet lors d'un point presse donné à l'occasion de la présentation du bilan d'activité 2022.
Les retards de paiement peuvent être « mortels » pour certaines TPE et PME
La multiplication des crises ces dernières années (pandémie, guerre en Ukraine, crise de l'énergie) ont ravivé les tensions entre les donneurs d'ordre et les sous-traitants. Après une accalmie en 2021 liée au rebond post-Covid, les tensions sur les délais de paiement ont de nouveau ressurgi dans le contexte du conflit ukrainien, de la flambée des prix ou des difficultés d'approvisionnement en matières premières ou en composants électroniques. « La météo se rafraîchit. L'année 2020 était hors-norme. On n'est plus du tout à ce niveau-là. Il y a eu une vraie amélioration en 2021. Mais en 2022, il y a toujours des niveaux de tensions supérieurs à 2019 », a averti Pierre Pelouzet. « Ce n'est pas le moment pour les entreprises de payer en retard. Même si ça va mieux dans les prix de l'énergie et des matières premières, les retards de paiement peuvent être mortels pour les TPE et PME qui doivent passer le cap », a-t-il ajouté.
Des saisines en baisse par rapport à 2021, toujours au dessus de la période pré-pandémie
Sur l'ensemble de l'année, les services de la médiation intégrés à Bercy ont enregistré 3.600 sollicitations et demandes de médiation contre 4.300 un an plus tôt. Mais la guerre en Ukraine a constitué un tournant. Après l'invasion de la Russie en territoire ukrainien, les équipes du ministère des Finances ont dû faire face à une avalanche d'appels. « En 2022, il y a eu rebond assez spectaculaire au second semestre », a souligné Pierre Pelouzet. Au total, le médiateur a reçu 2.077 sollicitations en 2022 (réponses personnalisées aux demandes d'information). Il s'agit certes d'un niveau bien inférieur à 2021 (3.250) et 2020 (6.075) mais bien au-dessus de 2019 (1.000) ou 2018 (700).
S'agissant des médiations, elles ont reculé passant de 2.025 en 2021 à 1.600 en 2022 mais demeurent à un degré bien supérieur à la période précédant la crise sanitaire (autour de 1.300). Là encore, Bercy a enregistré un bond impressionnant (+33%) de demandes de médiation entre le second semestre 2021 (751) et le second semestre 2022 (996).
La hausse des prix envenime les relations dans le bâtiment ou la grande distribution
Sans surprise, la plupart des sollicitations et une grande partie des médiations ont concerné des problématiques liées à l'envolée des prix dans de nombreux domaines. « Pourquoi ces tensions ? C'est d'abord lié à l'énergie. Dès avril 2022, on a mis en place un comité de crise. Dans le BTP, on a ressenti très tôt des tensions, des producteurs jusqu'au bâtisseurs. Dans la grande distribution, on a également ressenti des tensions. Nous avons fait des médiations au moment des négociations commerciales », a exposé Pierre Pelouzet.
Peu après le début de la guerre en Ukraine, les services de médiation avaient reçu des représentants du patronat du bâtiment et des PME lors de réunion de crises. Beaucoup redoutaient des conséquences en cascade sur les grands groupes tricolores implantés en Ukraine ou en Russie. Un an après, les difficultés d'approvisionnement se sont en partie apaisées. Mais certains secteurs dépendants de l'étranger restent plongés dans un épais brouillard.
Retards de paiement : la flambée des prix a fait exploser les « tensions », selon la médiation inter-entreprises - La Tribune.fr
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