► Quelle est la situation budgétaire des États-Unis ?
Voilà les États-Unis confrontés, une fois de plus, au psychodrame du « plafond de la dette ». Le président américain Joe Biden doit recevoir ce mardi 9 mai les principaux responsables démocrates et républicains du Congrès, afin de s’entendre pour éviter un nouveau shutdown. Cette situation d’impasse budgétaire outre-Atlantique résulte de l’absence d’autorisation par le Congrès – la Chambre des représentants et le Sénat – d’un relèvement du plafond de la dette publique.
Or depuis la mi-janvier 2023, le gouvernement fédéral a atteint cette limite, fixée à 31 000 milliards de dollars. Mais les élus républicains, qui disposent depuis début 2022 d’une légère majorité à la Chambre des représentants, refusent d’accorder ce qu’ils estiment être un chèque en blanc en faveur de l’administration Biden et veulent qu’une hausse de ce plafond soit couplée à une coupe drastique des dépenses fédérales.
Il y a quelques jours, fin avril 2023, les représentants ont ainsi adopté un texte du camp républicain qui prévoyait une baisse des dépenses fédérales à hauteur de 4 500 milliards de dollars sur les dix prochaines années, en échange d’une hausse du plafond de la dette de 1 500 milliards.
► Quelle est la position de Joe Biden ?
Le président américain a répété à plusieurs reprises que le relèvement du plafond devait être réalisé « sans condition ». Joe Biden estime en effet que la dette est le résultat des politiques menées par le passé par l’ensemble des administrations, issues des deux partis.
Ses équipes ont prévenu que faute d’accord sur le sujet, les États-Unis pourraient ne plus être en mesure d’honorer leurs engagements dès le début du mois de juin. Cela mettrait le pays en situation de défaut, une situation inédite.
► Quelles sont les perspectives ?
Pour le moment, retrace Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management, « le Trésor a pu éviter cette issue en prenant une première série de mesures, avant tout comptables, pour ne pas dépasser la limite autorisée ». Dans un deuxième temps, décrypte le site Internet La finance pour tous, cela peut « forcer l’État à fermer des services publics jugés non essentiels (musées ou parcs nationaux par exemple) qu’il ne peut plus financer ». C’est ce qui s’était passé lors du précédent shutdown en janvier 2019.
Cette fois pourtant, la crise pourrait aller un cran plus loin. Si la situation de blocage perdure, un défaut de paiement des États-Unis entraînerait un « chaos financier et économique », d’après Janet Yellen, la secrétaire d’État au Trésor, dans un courrier publié dimanche 7 mai.
► Peut-on éviter le pire ?
« Janet Yellen ne joue pas à se faire peur, les répercussions seraient effectivement incommensurables, analyse Philippe Waechter. Le dollar, comme les Bons du Trésor américain, constitue l’ancrage de tout le système financier international. Qui ferait encore confiance à un système dont le pilier s’effondrerait ?, interroge-t-il. Une telle hypothèse semble invraisemblable, tant elle aurait des effets dévastateurs pour absolument tous les pays. »
Cet économiste voit dans cet épisode une « grave turbulence supplémentaire » outre-Atlantique, après les secousses provoquées par le sauvetage in extremis de la faillite de deux banques américaines en mars.
Est-il possible que l’on en arrive à un point de non-retour ? Les démocrates ont de fait appelé à l’unité nationale. « Il est temps de mettre de côté les intérêts partisans et de faire ce qui est juste et nécessaire pour le peuple américain et éviter le premier défaut du gouvernement qui ferait s’écrouler les marchés, augmenter les coûts pour les familles et remettre en question leurs économies pour la retraite », ont estimé lundi 8 mai dans un communiqué commun les responsables démocrates au Congrès, Chuck Schumer (Sénat) et Hakeem Jeffries (Chambre).
Mais la situation politique est particulièrement tendue par la perspective de l’élection présidentielle de novembre 2024, à laquelle Joe Biden s’est porté candidat le 25 avril. « Et certains républicains peuvent tout à fait se montrer “jusqu’au boutistes” », redoute Philippe Waechter.
Les deux partis ont peu de temps pour aboutir à un accord : la session parlementaire actuelle ne prévoit que douze jours de débat au Capitole d’ici au 1er juin prochain.
Budget : les États-Unis au bord du défaut de paiement - La Croix
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