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Wednesday, May 17, 2023

TOUT COMPRENDRE - Dette américaine: faut-il craindre un défaut de paiement des États-Unis? - BFM Business

Faute d'accord entre élus démocrates et républicains sur un relèvement du plafond de la dette, les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement début juin. Avec des conséquences qui dépasseraient les frontières américaines.

L'horloge tourne. Sans accord entre parlementaires républicains et démocrates pour relever le plafond de la dette, les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement dès début juin. Dans cette situation, le pays ne pourra plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer et ne sera plus en mesure de payer ses factures, et ses fonctionnaires.

Fixé à 31.400 milliards de dollars, le plafond de la dette de la première économie mondiale a été atteint mi-janvier. Depuis, le Trésor américain utilise des astuces comptables pour retarder au maximum le jour où ce seuil sera dépassé. Mais les marges de manoeuvre s'amenuisent.

Le sujet est désormais au coeur de négociations entre élus démocrates, qui souhaitent autoriser un relèvement du plafond de la dette pour écarter le risque de défaut de paiement, et les républicains qui refusent, à moins d'obtenir en contrepartie l'engagement de baisses importantes des dépenses publiques.

• À quoi sert le plafond de la dette?

Fixé par le Congrès, le plafond de la dette américaine correspond au montant maximal jusqu'auquel l'Etat peut emprunter. Créé en 1917, il a déjà été suspendu ou relevé environ 80 fois par le Congrès depuis 1960.

"Le plafond de la dette a été conçu au départ pour faciliter le financement du Trésor américain", rappelle sur BFM Business Wilfrid Galand, responsable Stratégie Marchés chez Montpensier Finance.

"En 1917, lorsque le plafond de la dette a été voté pour la première fois, c’était pour financer l’effort de guerre américain lors de la Première guerre mondiale. Avant, le Trésor devait demander l’autorisation au Parlement à chaque émission de dette", explique-t-il.

Ce n'est pas la première fois que la menace d'un défaut de paiement plane sur les États-Unis. C'est même plutôt fréquent depuis que le plafond de la dette est devenu un véritable outil politique outre-Atlantique.

En 1979, élus républicains et démocrates s'écharpaient déjà sur le fait de savoir s'il fallait ou non relever le plafond. S'ils ont fini par trouver un accord de dernière minute, des erreurs administratives n'ont pas permis de sceller le compromis à temps. Résultat, les États-Unis n'ont plus été en mesure d'honorer leurs obligations pendant quelques jours. C'est la dernière fois que le pays s'est retrouvé en défaut de paiement.

Dans les années qui suivirent, l'utilisation du plafond de la dette par les parlementaires comme instrument de pression pour inciter le gouvernement à réduire les dépenses n'a fait que se renforcer.

"Aujourd'hui, c'est un outil tellement hystérisé que c'est la première fois dans l'histoire qu'un ancien président appelle à un défaut de paiement," observe Wilfrid Galand.

Le spécialiste fait ici référence à Donald Trump qui a exhorté les élus républicains à provoquer un défaut de paiement à moins d'obtenir des démocrates des coupes budgétaires "massives".

• Quelles conséquences pour l'économie américaine?

D'après le service du budget du Congrès (CBO), les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement dès début juin si les Républicains et les Démocrates ne parviennent pas à s'entendre sur le relèvement du plafond de la dette. Toutefois, des "mesures extraordinaires supplémentaires" et des recettes fiscales de fin de trimestre pourraient permettre au gouvernement de "financer son fonctionnement jusqu'à au moins fin juillet", estime le CBO.

Reste que "si le plafond de la dette n'était pas relevé ou suspendu, le Trésor ne serait pas autorisé à émettre de la dette supplémentaire autrement que pour remplacer les titres arrivés à échéance ou remboursés". Cela entraînerait "des retards de paiement pour certaines activités gouvernementales, un défaut de paiement des obligations de la dette du gouvernement, ou les deux", indique encore cette agence.

Le CBO ajoute que cette situation pourrait conduire à de graves conséquences comme "des difficultés sur les marchés du crédit, des perturbations de l'activité économique et des augmentations rapides des taux d'emprunt pour le Trésor".

Sans augmentation du plafond, le gouvernement de Joe Biden a lui-même prévenu que les États-Unis entreraient "en récession", ce qui pourrait causer la perte de "millions d'emplois". "Si le Congrès ne parvient pas à relever le plafond de la dette avant le défaut de paiement, nous entrerons en récession et ce sera catastrophique", a mis en garde Wally Adeyemo, secrétaire adjoint du Trésor, sur CNN.

"Comme nous l'avons déjà appris en 2011, la simple menace d'un défaut peut mener à une dégradation de notre note financière et à un affaiblissement de la confiance des consommateurs", avec des hausses des taux d'intérêt sur des crédits, a également ajouté Janet Yellen, secrétaire au Trésor.

Joe Biden a pour l'instant exclu de négocier des coupes budgétaires et a accusé les républicains de tenir l'économie en "otage".

• Quels risques pour l'Europe?

Pour Janet Yellen, les conséquences d'un défaut de paiement américain iraient bien au-delà des États-Unis: "Il n'y a aucune bonne raison de générer nous-mêmes une crise. Faire défaut sur notre dette affecterait tellement les États-Unis et l'économie mondiale que je pense que cela devrait être considéré par tous comme quelque chose d'impensable", a-t-elle déclaré.

Même son de cloche du côté de la directrice de la communication du Fonds monétaire international, Julie Kozack. Selon elle, "il y aurait de très graves répercussions non seulement pour les États-Unis mais aussi pour l'économie mondiale en cas de défaut de paiement de la dette américaine". Parmi les répercussions, Julie Kozack a cité "des taux d'intérêt plus élevés, une instabilité plus large et des répercussions économiques".

Sur BFM Business, Wilfrid Galand confirme lui aussi le risque d'un défaut de paiement américain pour l'économie mondiale:

"En quoi cela nous concerne réellement? Dans un hommage non déguisé à Alain Chabat, je dirais: 'Pas de dette américaine, pas de dollars. Pas de dollars, pas de pétrole. Pas de pétrole, pas de pétrole'".

L'analyste rappelle qu'"on a aujourd'hui 80% des transactions en termes de change qui impliquent le dollar et 50% des biens qui sont achetés en dollars. Donc cela veut dire que si vous avez besoin de dollars, vous devez acheter de la dette américaine. (…) C'est le seul support du dollar". Mais "si vous n'avez plus confiance dans la dette américaine, alors vous n'avez plus de dollars disponibles".

• Quelle sortie de crise possible?

Pour Wilfrid Galand, trois scénarios sont possibles dans les prochaines semaines. "Le premier, et le plus probable, c'est un compromis de court terme pour repousser de quelques mois le sujet, pour donner du temps à la négociation", estime-t-il. En clair, une suspension du plafond de la dette.

Le deuxième scénario serait celui d'un compromis sur un relèvement du plafond de la dette entre démocrates et républicains. Enfin, le troisième serait l'absence de compromis avec toutefois la possiblité pour le Trésor américain de "prioriser le paiement des dettes par rapport au paiement des factures courantes". "Dans ce cas là, on aurait probablement un dégradation de la note américaine. Ce serait quand même une très mauvaise nouvelle", juge le responsable Stratégie Marchés chez Montpensier Finance.

Dimanche, Joe Biden s'est pourtant dit "optimiste" quant à la possibilité de parvenir à un accord avec ses adversaires républicains pour relever le plafond de la dette. "Je reste optimiste parce que je suis un optimiste congénital, mais je pense vraiment qu'il y a une volonté de leur part et de la nôtre de parvenir à un accord. Je pense que nous y parviendrons", a affirmé le locataire de la Maison Blanche.

Le secrétaire adjoint du Trésor Wally Adeyemo a mis en avant dimanche les efforts consentis par le président, qui a dévoilé en mars un plan prévoyant "une réduction du déficit de 3000 milliards de dollars sur dix ans". Le représentant du Trésor a également salué les discussions "constructives" en cours entre les différents partis.

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