Publié le 9 oct. 2022 à 12:41
Ils se parlent. Selon plusieurs sources, confirmant une information de l'agence Bloomberg, Crédit Agricole et Worldline ont débuté des discussions en vue d'un éventuel partenariat dans le domaine des paiements. Rien n'est encore figé sur la forme que pourrait revêtir une telle alliance, ni sur son périmètre exact, mais voir ces deux grands noms associés dans ce métier devenu ces dernières années si stratégique est tout sauf anodin. Sauf surprise, il n'est en tout cas pas question d'une acquisition du spécialiste du paiement par la banque mutualiste.
« Un trou dans la raquette »
Du côté du Crédit Agricole, il s'agit de remonter la pente plus de deux ans après la chute de Wirecard, l'ex-star allemande de la Bourse de Francfort liquidée après de graves manipulations comptables. C'est avec Wirecard qu'en 2018, la banque verte avait décidé de s'associer pour muscler son jeu notamment dans le commerce électronique. Ayant misé sur le mauvais cheval, le groupe avait suspendu le partenariat à la fin 2019 .
« Il y avait un trou dans la raquette et il fallait trouver une solution. Les discussions de partenariat peuvent aller de l'offre pour les marchands jusqu'à une solution sur tous les paiements », estime un bon connaisseur du groupe. Sur le marché, « les combinaisons et mutualisations entre acteurs bancaires dans les paiements ont été remisées, car le marché bouge très vite. Donc il vaut mieux se tourner vers les vrais experts industriels ».
Le plan stratégique de Crédit Agricole présenté en juin dernier prévoit une croissance de 20 % de ses revenus dans les métiers du paiement à horizon 2025. Cette stratégie prévoit notamment le « développement d'une offre d'acceptation tous segments et omnicanale via des partenariats ». Car au-delà de sa mésaventure, il s'agit pour Crédit Agricole de remonter la chaîne de valeur dans la fonction paiement.
Les fintechs mènent la danse
Les banques dominaient ce métier quand il était considéré comme purement technique. Mais depuis une dizaine d'années, les fintechs sont parvenues à se glisser entre la banque et le commerçant, captant à la fois la marge et les données de paiement, et parvenant à suivre les nouvelles habitudes d'achat ( paiement en ligne, par smartphone, QR Code… ). La finance « traditionnelle » essaye à présent de revenir dans le jeu.
« La position historique des banques est plutôt de maîtriser 'l'acquisition' du paiement (le fait de collecter l'argent par le biais d'un terminal physique ou à distance, ndlr), là où les fintechs dominent dans 'l'acceptation' du paiement (la capacité à accepter divers moyens de paiement) », résume un banquier. Sur cette promesse, des start-up comme Adyen, Klarna ou encore Stripe ont atteint des valorisations records, dépassant parfois celles des banques.
A la recherche d'un partenaire bancaire
Worldline s'est aussi inscrit dans cette tendance, notamment en croquant son rival français Ingenico, dont il a ensuite cédé l'ex-division terminaux de paiement au fonds Apollo . Travailler étroitement avec Crédit Agricole (où a travaillé son directeur général, Gilles Grapinet) lui donnerait une exposition de premier plan à la clientèle « retail ». La banque revendique la place de numéro 1 français sur ce marché en nombre d'opérations, tant auprès des commerçants que des consommateurs.
Ce serait « un deal très important pour Worldline à la fois en termes de volumes mais aussi stratégiquement, commente Grégoire Hermann, analyste chez Alpha Value. Cela nous semble inévitable que (les spécialistes du paiement) continuent l'effort de consolidation mais certaines banques seront mois ouvertes à totalement céder leur portefeuille et privilégieront peut-être des coentreprises ». Sollicités, ni Crédit Agricole ni Worldline n'ont souhaité faire de commentaire.
Paiements : Crédit Agricole discute avec Worldline - Les Échos
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