Sur un marché évalué à plus de 6 milliards d’euros, Oney Bank frappe un grand coup. L'ancienne filiale de services financiers d'Auchan, et dont BPCE (Banque populaire et Caisse d’épargne) est depuis devenue actionnaire majoritaire, a annoncé ce 30 juin la commercialisation de sa nouvelle offre Oney +. Comprenant un compte de paiement, une carte bancaire Visa et l’accès à une application, l’établissement entend “universaliser” le paiement en plusieurs fois.
Aussi appelé paiement fractionné, ce type de règlement explose en France : le marché croît de 20 à 30% chaque année, assure Corinne Hochart, directrice générale de l’activité française de Oney Bank. De par sa durée - inférieure à 3 mois -, le paiement fractionné échappe aux contraintes réglementaires - signature du contrat, obligation de conseil -, qui encadrent les crédits à la consommation depuis la loi Lagarde de 2010. Mais pour faire bénéficier du paiement fractionné à ses clients, un (e-)commerçant doit avoir signé un contrat avec un établissement de paiement.
Une carte mobilisable dans tous les commerces
C’est bien sur ce point qu’Oney Bank compte se démarquer. Car souscrire à l’offre Oney + permettra à tous les détenteurs de cette carte de pouvoir mobiliser le paiement fractionné chez n'importe quel commerçant acceptant les cartes Visa. Une initiative unique, insiste Jean-Pierre Viboud, directeur général de Oney : “Les clients n’auront plus besoin d’attendre le partenariat entre commerçant et prestataire de service de paiement. Nous rendons leur paiement fractionné ou qu’ils soient.”
Les souscripteurs peuvent, au choix, étaler un paiement jusqu’à 1.000 euros en 3 ou 4 échéances, avec dans chaque cas, le coût exact des frais engendrés. L’outil est mobilisable partout dans le monde, sur tous les canaux, dans tous les types de commerces et de services, y compris par exemple chez le médecin ou le vétérinaire. Quant au prix, il dépendra de l’offre choisie. - La formule “Oney+ Original”, est proposée à raison de 2,50 euros par mois et comprend notamment une Visa Classic. L’offre “Oney+ First” s’accompagne, elle, d’une Visa Premier pour 5,90 euros par mois.
Les coûts ne sont pas négligeables
De prime abord, le paiement fractionné est donc une bonne affaire pour tout le monde. Le marchand fidélise son client, et ce dernier peut se permettre d’augmenter le prix de son panier moyen tout en étalant ses dépenses. Attention toutefois, car l’opération n’est pas dénuée de coûts. Reste à savoir si le commerçant prend en charge ces frais, ou s'il les partage avec son client. Chez Oney, ils sont partagés. Les particuliers optant pour un paiement en trois fois sont soumis à un taux d’intérêt de 1,45% limité à 15 euros par opération. Ceux réglant sur quatre échéances sont soumis à 2,2% d’intérêt, et une facture maximale de 30 euros par opération. Un paiement de 300 euros fractionné en 3 fois coûtera ainsi 4,35 euros au client.
La fréquence d’utilisation inquiète également les pouvoirs publics. Le député Philippe Chassaing est d’ailleurs missionné par l’exécutif sur la question du surendettement. Son rapport qui sera remis dans les prochaines semaines se penchera sur la question du paiement fractionné. Le parlementaire rappelle que ce genre de paiement peut être mobilisé sans limite. “Les sites marchands n'opèrent aucune vérification de solvabilité pour cette opération assimilables à prêt à taux zéro” expliquait-il récemment à Capital. Le ménage peut ainsi multiplier les achats chez différents commerçants et accumuler les dettes sur plusieurs semaines. Un argument contesté par Nicolas Dreyfus, directeur général adjoint de Oney : “Le paiement fractionné s’accompagne d’un taux d’impayé extrêmement faible, à moins de 1%. Surtout il se substitue pour la plupart des cas au crédit renouvelable, qui lui n’est pas limité dans le temps.”
CB : comment Oney Bank veut étendre le paiement fractionné - Capital.fr
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