Les Européens, et notamment les Français, utilisent de plus en plus le paiement en trois ou quatre fois pour régler leurs achats. Mais ce paiement fractionné échappe à la réglementation actuelle et inquiète les dirigeants européens.
"Buy now pay later". Le slogan est bien connu de ceux qui ont déjà obtenu un crédit à la consommation. En réalité, l'expression est aussi le nom d'un marché en vogue, résumé généralement à son acronyme BNPL. Il englobe trois réalités: le crédit à la consommation classique (avec un paiement fractionné au-delà de 90 jours) mais aussi le paiement différé de 15 ou 30 jours. Dernier cas: le paiement en trois ou quatre fois de moins de 90 jours.
De nombreux vendeurs proposent désormais cette dernière option, via des facilitateurs de paiement. Et les acheteurs sont séduits. Selon un sondage réalisé par le leader français du paiement fractionné FLOA (ex-Banque Casino) en juin dernier, 31% des Français ont eu recours au paiement en plusieurs fois sur les 12 derniers mois (contre 25% en 2020) avec un fort taux de satisfaction (79%, +2 points).
Et FLOA n'est pas le seul acteur du secteur. Oney (filaile de BPCE) entend aussi jouer les leaders européens aux côtés de fintechs comme le Suédois Klarna, arrivé sur le marché français en juin dernier. L'hexagone est même "l'un des marchés qui évoluent le plus rapidement au monde" car "les consommateurs adoptent les paiements numériques et les achats en ligne à un rythme record" se réjouissait le PDG de Klarna Sebastian Siemiatkowski le mois dernier.
Un crédit sous les radars
Si le marché du BNPL est un gâteau appétissant en constante croissante, les alarmes commencent à se multiplier. La principale est évidemment le risque de surendettement pour les foyers. "Une crainte justifiée puisque les prévisions des situations de surendettement en France sont à la hausse au second semestre 2021" expliquent SIA Partners et la fintech Algoan dans un récent Livre blanc sur la question.
D'autant que les paiements en trois ou quatre échappent à la règlementation de la loi Lagarde en 2010, censée réduire les risques autour du crédit à la consommation. Seuls les crédits supérieurs à 200 euros, remboursés sur une période supérieure à 90 jours sont soumis aux règles comme la constitution d'un dossier ou l'obligation de conseil.
En France, les taux de surendettement n'ont pas encore décollé malgré la crise mais plutôt que d'agir seule, la France pousse l'Europe à durcir la règlementation.
Eviter la multiplication des paiements
Selon un projet de révision de la directive de 2008 sur le crédit à la consommation, Bruxelles veut marquer le coup en imposant de nouvelles règles plus strictes.
"Dans le but d'assurer un niveau élevé de protection des consommateurs et de faciliter le marché transfrontalier du crédit à la consommation, le champ d'application de la présente directive devrait couvrir certains accords qui ont été exclus du champ d'application de la directive 2008/48/CE, tels que les contrats de crédit à la consommation d'un montant inférieur à 200 euros" indique le projet, qui cite nommément les produits Buy Now Pay Later.
De facto, cela placerait les crédits de moins de 200 euros sur moins de 90 jours sous le coup de la Loi Lagarde en France. Payer en plusieurs fois s'avérerait ainsi bien plus difficile et mettrait fin à l'immédiateté du crédit. L'idée est surtout d'éviter la multiplication des paiements fractionnés au sein d'un même foyer, qui peut rapidement être dépassé par la situation, comme ça a pu être le cas avec les crédits revolving. Une façon aussi de mettre de l'ordre sur un marché BNPL où de nouveaux acteurs poussent comme des champignons, sans forcément avoir les reins solides...
Reste que la confirmation d'un tel texte créerait probablement un vent de colère chez les vendeurs, qui pouvaient profiter du boum de ces facilités de paiement. Et pour les clients, une nouvelle barrière qui pourrait bien faire retomber leur enthousiasme.
L'Europe veut mettre un coup d'arrêt à l'envolée des paiements fractionnés - BFMTV
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